Consultations prébudgétaires 2014-2015 – Avis du CQCD

Le 27 janvier 2014, M. Nicolas Marceau , Ministre des Finances et de l’Économie, Gouvernement du Québec

Monsieur le Ministre,

Nous vous remercions d’avoir sollicité l’avis du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) concernant les priorités économiques du gouvernement dans le cadre de l’élaboration de son Budget 2014-2015.

Le présent avis propose quatre grandes recommandations relatives au commerce de détail, qui est, après le secteur manufacturier, le plus gros employeur privé du Québec et porteur d’investissements d’envergure. En préambule, nous vous présentons un profil économique de notre industrie, les grands défis auxquels elle fait face, ainsi que le déséquilibre entre l’ampleur de sa contribution économique et l’intérêt politique limité à son égard.

PROFIL ÉCONOMIQUE DU COMMERCE DE DÉTAIL

À plusieurs égards, le commerce de détail est un joueur majeur dans l’économie du Québec, générant 6 % du PIB et 12 % de tous les emplois :

Main-d’oeuvre

  • Le commerce de détail compte plus de 480 000 emplois directs, soit environ un emploi sur huit (ISQ, 2013). Il s’agit du deuxième plus important employeur privé du Québec, tout juste derrière le secteur manufacturier;
  • Plusieurs autres emplois indirects gravitent en périphérie du commerce de détail, par exemple en immobilier, dans les services professionnels ou en transport, ce qui vient gonfler d’autant plus le rayonnement économique de l’industrie;
    • Aux États-Unis, ce rayonnement a été évalué à un emploi additionnel par deux emplois occupés dans le secteur commercial (le Détaillant, hiver 2013);
  • Contrairement à certains préjugés tenaces au sujet de la main-d’œuvre, seulement 15 % des emplois offraient le salaire minimum en 20131 . De plus, en 2011, le taux de roulement global du personnel était de 25 %2

Ventes au détail et rendement financier

  • En 2013, les commerçants du Québec prévoyaient réaliser plus de 105 milliards de dollars en ventes au détail (ISQ, 2013). La croissance annuelle moyenne de ces ventes s’élève à 2,7 % depuis 2007;
  • De 2005 à 2012, le Canada a affiché une croissance cumulative de 22 % dans ses ventes au détail (2,9 %), soit un résultat nettement supérieur à celui des États-Unis (0,5 %), de l’Europe (2,0 %) et des sept principales économies du monde (2,4 %) au cours de cette période;
  • Les commerçants sont l’une des principales portes d’entrée de la richesse dans l’économie. En effet, les ventes au détail représentent à elles seules un tiers de tous les revenus générés dans l’économie du Québec (mesurés par le PIB). Par conséquent, elles assument une charge considérable relative au traitement et à la gestion de l’information sur ces millions de transactions marchandes;
  • En termes financiers et de façon générale, comparativement aux autres entreprises de l’économie, le commerce de détail est une industrie où la rentabilité est plus faible, la rémunération des travailleurs moins élevée, mais le rendement sur les actifs supérieur. Il s’agit non pas d’avantages ou de faiblesses par rapport aux autres entreprises, mais bien de caractéristiques inhérentes à leur réalité d’affaires.

Structure et investissements

  • Le commerce de détail compte près de 50 000 établissements dans le paysage économique québécois. Ces entreprises de toutes tailles et aux profils aussi variés que les entrepreneurs qui les dirigent sont actives dans toutes les régions du Québec;
  • Chaque entreprise propriétaire compte en moyenne 1,3 établissement, dont chacun emploie environ une dizaine de travailleurs. Toutefois, il existe de fortes variations autour de cette moyenne. Ainsi, près de 40 % des établissements emploient entre une et quatre personnes, alors qu’un tiers embauche de cinq à neuf employés;
  • Les principaux sous-secteurs en importance du commerce de détail selon les ventes sont, en ordre décroissant : l’alimentation, les véhicules automobiles et les pièces, les autres types de commerces, les stations-service et les établissements de santé et soins personnels;
  • En 2013, les détaillants ont investi plus de 2 milliards de dollars en immobilisations, soit en construction, ainsi qu’en équipements et matériel;
  • Parmi les aspects distinctifs du commerce de détail au Québec par rapport au reste de l’Amérique du Nord, le principal attribut est certainement son sens inné de l’entrepreneuriat. En effet, on retrouve ici plus de commerces indépendants et une structure davantage basée sur la PME. Il s’agit d’un atout important en termes d’offre commerciale diversifiée, de développement des régions et des collectivités locales, ainsi qu’en termes de reflet de notre identité culturelle.

LES GRANDS DÉFIS DU COMMERCE DE DÉTAIL

En somme, le commerce de détail est omniprésent dans les régions du Québec et occupe tout près d’un demi-million de travailleurs. Chaque jour, les détaillants doivent tenter d’atteindre le seuil de la rentabilité, dans un contexte de gestion de volumes considérables de transactions, d’une concurrence grandissante et aux nombreux visages, ainsi que d’une intensification de la présence des technologies dans toutes les sphères de leurs activités. Dans ce contexte, les principaux enjeux que vivent actuellement les détaillants au Québec sont :

  • L’intégration et le déploiement de nouvelles technologies
  • L’innovation et l’amélioration continue de l’offre
  • La main-d’œuvre (soit sa gestion quotidienne et la planification de la relève entrepreneuriale)

L’intégration et le déploiement de nouvelles technologies

  • La popularité du commerce en ligne ne cesse de croître. Au cours des quatre dernières années, les ventes réalisées en ligne ont progressé à un rythme annuel estimé à 18 %. En 2013, les Québécois ont acheté des produits via Internet pour plus de 7 milliards de dollars (incluant le secteur du voyage), dont 40 % provenant de sites américains 3 .
  • Pour les détaillants ayant pignon sur rue, cette réalité représente à la fois une menace et une opportunité :
    • Une « menace » : le développement d’une nouvelle avenue transactionnelle pour les consommateurs vient transférer des parts de marché des commerces existants vers des entreprises vendant via Internet. Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, plusieurs commerces établis voient une partie de leurs ventes disparaître.
    • Une « opportunité » : bon nombre de détaillants existants ont une opportunité de faire croître leur entreprise en ajoutant un guichet Internet actif à leur offre de service. Toutefois, cela représente assurément un défi substantiel pour plusieurs. À peine la moitié des commerçants du Québec possèdent un site Internet, soit un retard marqué par rapport aux autres grands pays industrialisés. Par ailleurs, plusieurs commerces détiennent un avantage concurrentiel basé sur l’expérience et l’expertise qu’ils procurent aux clients. Ainsi, cette nouvelle donne viendra renforcer leur avantage concurrentiel.
  • Dans tous les cas, le commerce de détail doit combler son important retard dans l’adoption des nouvelles technologies. En effet, tant le commerce électronique que la gestion moderne des chaînes d’approvisionnement et de commercialisation demandent énormément d’investissement et d’expertise sur plusieurs plans : informatique, logistique, mise en marché, etc. Pour les détaillants, le temps n’est plus à la réflexion, mais à l’action.
  • En outre, un des enjeux majeurs, tant pour les commerçants que pour le gouvernement du Québec, est le commerce électronique transfrontalier :
    • Au Québec, une grande partie des achats effectués en ligne à l’étranger entre sans que les taxes de vente soient perçues. Les pertes fiscales associées au commerce en ligne transfrontalier sont estimées à environ 700 millions de dollars au Canada4 ;
    • Bien que ce congé de taxes soit apprécié par les consommateurs, il représente un problème majeur pour les commerçants, puisque ce phénomène a un impact négatif sur les entrées fiscales des gouvernements, sur les emplois locaux, de même que sur l’immobilier et tous les professionnels gravitant autour.
    • Pour le CQCD, il est urgent que les gouvernements du Québec et du Canada se préoccupent activement de cette question et y trouvent des solutions durables.

L’innovation et l’amélioration continue de l’offre

  • De nouveaux joueurs de calibre international font de plus en plus leur entrée en sol québécois, aussi bien sur place qu’en ligne. Ces derniers, souvent à la fine pointe de la technologie, rivalisent avec nos détaillants d’ici;
  • Dans ce contexte de concurrence intense, les détaillants doivent redoubler d’initiative et d’ingéniosité pour innover et faire en sorte que leurs commerces offrent une valeur ajoutée aux consommateurs, aussi bien en termes d’expertise du personnel que d’expérience d’achat, d’aménagement, de convivialité et de gammes de produits offerts;
  • Malgré leur bonne volonté, les détaillants ont besoin d’orientation, d’expertise et de ressources au-delà de celles dont ils disposent à ce jour.

La main-d’œuvre

  • Les premiers touchés par les défis concurrentiels et technologiques du commerce de détail sont les travailleurs. En effet, les commerces en difficulté se voient dans l’obligation d’effectuer des réductions de personnel ou même de fermer boutique. En outre, ces compressions peuvent se traduire par des transferts d’emplois stratégiques vers l’extérieur du Québec, ou encore par des relocalisations de sièges sociaux;
  • Par ailleurs, les dizaines de milliers de commerces survivant à ce contexte doivent composer avec les défis de gestion des ressources humaines propres à leur secteur. Entre autres, cela inclut l’embauche, la gestion quotidienne des employés syndiqués et non syndiqués, la rémunération, la formation, ainsi que la planification de la relève. Et ce, rappelons-le, pour quelque 480 000 travailleurs et travailleuses situés partout au Québec.
  • Ainsi, le commerce de détail a besoin d’appui pour la gestion de ces défis, certes peu novateurs en termes politiques, mais combien fondamentaux sur le plan économique.

Ces trois grands enjeux sont au cœur de la réalité économique du commerce de détail et le CQCD souhaite qu’ils soient abordés dans le Budget 2014-2015.

LE DÉSÉQUILIBRE ENTRE CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE ET INTÉRÊT POLITIQUE

Dans sa récente politique industrielle québécoise, le gouvernement identifie avec justesse plusieurs réalités et enjeux économiques qui touchent directement le commerce de détail. Toutefois, le problème est que ce document ne concerne en principe que le seul secteur manufacturier… Voici, entre autres, certains passages particulièrement pertinents et directement applicables à la situation du commerce de détail :

  • « Les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) sont omniprésentes et permettent l’émergence de technologies et procédés révolutionnaires en matière de robotisation et d’automatisation, ce qui modifie profondément la manière dont sont conçus et fabriqués les produits. » « En outre (…) elles font face à une concurrence internationale impitoyable, dont seules les plus productrices, les plus innovatrices et les plus flexibles peuvent sortir gagnantes. »
  • L’automatisation et les TIC au cœur de la compétitivité : « Bien des enjeux en dépendent : la réduction des coûts d’exploitation et des coûts énergétiques, la capacité d’innover relativement à la conception et à la production des produits, un accès plus large aux grands donneurs d’ordres, une plus grande capacité d’attirer et de retenir une main-d’œuvre qualifiée et l’augmentation de la productivité. » « Cependant, malgré les efforts déjà consentis, notre secteur (…) continue d’accuser un retard considérable dans l’adoption et l’utilisation efficace des technologies de pointe et des technologies propres. »
  • « Cependant, un investissement en TIC ou en d’autres technologies de pointe ne consiste pas seulement en acquisition d’équipements ou de technologies, mais suppose idéalement une démarche intégrée, pouvant comprendre un diagnostic des problèmes et besoins de l’entreprise, la détermination de pistes de solution et l’élaboration d’un plan, le choix d’une architecture technologique et d’un fournisseur, l’achat des équipements et technologies retenus, l’implantation de ceux-ci (par exemple, formation des travailleurs et réorganisation des processus de travail) et même l’optimisation des stratégies d’affaires de l’entreprise (marketing, commercialisation, etc.) en fonction des nouvelles technologies implantées. »
  • « La création d’un centre d’excellence en technologies. »
  • « Dans le contexte dynamique créé par les goûts changeants des consommateurs, par l’apparition de nouveaux acteurs clés à l’échelle mondiale et par l’utilisation intensive d’équipements et de technologies de pointe qui évoluent constamment, notre prospérité future sera tributaire de notre capacité d’innover et de commercialiser nos produits novateurs pour conquérir les marchés. Cela exige un partenariat étroit entre l’État, les entreprises, les universités et les autres organismes publics de recherche. »

Ainsi, pour le secteur manufacturier, le gouvernement a une vision claire des enjeux économiques de fond et a mis en place toute une série de mesures à hauteur de 2 milliards de dollars, en vue de favoriser son développement.

Pour le CQCD, ce qui est bon pour le secteur manufacturier et l’économie l’est tout autant pour le reste de l’économie : d’abord pour le commerce de détail et, ensuite, pour n’importe quelle entreprise de n’importe quel secteur pouvant démontrer une viabilité à long terme de ses projets d’affaires. Il ne faut pas oublier que les détaillants sont « en lien étroit » avec le secteur manufacturier, que ce dernier a besoin de détaillants pour vendre bon nombre de ses produits et vice-versa.

Le commerce de détail : une industrie d’un intérêt limité pour le gouvernement

Malgré le rôle majeur que joue le commerce de détail dans toute économie, y compris celle du Québec, ce secteur n’est pas traité comme tel par le gouvernement.

En effet, le gouvernement du Québec, comme plusieurs autres, offre de l’aide sous diverses formes à des industries dites « structurantes », telles que la production manufacturière, le multimédia et le numérique. Par contre, l’inverse est vrai pour le commerce de détail. Ainsi, bon nombre de programmes de soutien comprennent des exclusions du genre « …tous les secteurs d’activité économique du Québec, y compris les entreprises à but non lucratif et les coopératives, sont admissibles, à l’exception des entreprises des secteurs suivants : …, la vente au détail et tout autre secteur assimilable à la vente au détail … »

Pour le CQCD, ce type d’exclusion ne fait aucun sens. Comment justifier l’exclusion d’une industrie qui embauche 480 000 Québécois? Le rôle économique de toute entreprise faisant partie de la chaîne de valeur des biens et services est important, de la conception à la conclusion de la transaction finale. Bien entendu, la nature et la portée des mesures doivent être adaptées aux réalités économiques sectorielles, sans toutefois exclure tout un pan de l’économie.

Ensuite, il faut aller au-delà des stéréotypes concernant la nature des emplois dans ce secteur. Certes, plusieurs travailleurs gagnent une rémunération inférieure à la moyenne; cependant, leur contribution quotidienne permet au commerce de détail de réaliser ses activités, d’être rentable, d’ajouter au PIB du Québec et de payer sa large part de taxes et impôts en tout genre. De plus, il embauche des dizaines de milliers d’experts de haut niveau dans des activités de pointe comme la gestion des opérations, la finance, les technologies de l’information, le marketing, le design des concepts de vente et bien d’autres.

Par ailleurs, le Québec a amorcé le lent déclin démographique des personnes en âge de travailler, résultat du vieillissement de la population. Dans ce contexte, il est nécessaire de s’engager résolument sur des mesures visant la croissance de la productivité, et ce, pour l’ensemble des travailleurs de l’économie5 . Pour ce faire, deux avenues sont à privilégier : l’intensification technologique, de même que la formation et la spécialisation de tous les travailleurs de l’économie.

Dans les circonstances économiques actuelles, il est urgent de changer cette façon de voir les choses. En clair, les politiques économiques doivent être élargies et devenir beaucoup plus inclusives, de manière à engager l’ensemble de la société sur le chemin de la croissance économique et de la pérennité des entreprises.

QUATRE GRANDES RECOMMANDATIONS POUR LE BUDGET 2014-2015

À la lumière des constats précédents, voici quatre axes de recommandations qui permettraient d’établir un réel partenariat entre le gouvernement du Québec et le commerce de détail, afin de renforcer et développer ce secteur au bénéfice de tous les Québécois. Il s’agit de propositions sur lesquelles le CQCD est disposé à travailler avec le gouvernement, de manière à optimiser leur portée et leur impact.

1 – Reconnaître l’apport du commerce de détail à l’économie du Québec et appuyer son développement

Il est primordial de redonner au secteur du commerce de détail toute l’importance qui lui revient à travers l’ensemble des programmes gouvernementaux, de manière à ce que l’action économique et l’aide financière de l’État soient mieux équilibrées dans l’ensemble des secteurs. Pour ce faire, le CQCD propose ces deux recommandations spécifiques :

  • Intégrer le secteur du commerce de détail dans les diverses orientations, stratégies et plans d’action gouvernementaux;
  • Élargir l’accessibilité des détaillants de toutes tailles, tous secteurs et toutes régions aux divers programmes d’assistance technique et d’aide financière, conformément à l’importance de l’industrie dans l’économie du Québec.

2 – Soutenir l’intégration et le déploiement des nouvelles technologies

À l’instar du secteur manufacturier, le commerce de détail souhaite se voir accompagner par le gouvernement du Québec dans son adoption et son appropriation des nouvelles technologies. Pour ce faire, le CQCD recommande de développer une stratégie intégrée de consolidation et de développement économique du secteur, principalement axée sur les outils et le savoir technologiques.

À ce stade, le CQCD croit que l’aide gouvernementale maximise son utilité lorsqu’elle est souple et adaptée à la situation de l’entreprise, aussi bien dans ses critères d’admissibilité que dans l’aide fournie. En fait, l’aide financière octroyée au Groupe ALDO en janvier 2014 est un excellent exemple d’aide multiforme ayant un impact positif : une partie en prêts, une contribution non remboursable et une aide technique. Ce faisant, l’aide gouvernementale agit non pas comme une béquille, mais bien comme un levier qui facilite la réalisation de projets porteurs pour l’ensemble de l’économie.

Développer l’offre de programmes d’aide financière portant sur l’intégration et le déploiement des nouvelles technologies chez les détaillants, à l’instar de ceux développés pour et offerts aux entreprises manufacturières. Ces programmes pourraient porter, par exemple, sur :

  • l’acquisition d’équipements et de logiciels;
  • l’intégration des nouvelles technologies dans les processus d’affaires;
  • le développement et le déploiement de stratégies commerciales à canaux multiples, incluant de nouvelles plateformes numériques.

Faciliter l’accès aux expertises de pointe accompagnant l’intégration accrue de nouvelles technologies dans la gestion et les opérations des détaillants, par exemple : spécialistes du commerce en ligne et du marketing interactif et social, analystes de données, experts en recherche et comportement du consommateur, etc.

3 – Analyser les enjeux économiques du commerce en ligne

À ce jour, plusieurs informations fondamentales relatives au commerce en ligne et à son impact sur l’économie demeurent sans réponse précise. En outre, les estimations de l’Institut de la statistique du Québec datent de 2010, tandis que celles du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations à l’aide des technologies de l’information et de la communication (CEFRIO)6 et de Statistique Canada7 sur le commerce en ligne sont fort différentes. En outre, l’impact de ces activités sur les détaillants établis, tout comme les conséquences économiques et fiscales du commerce en ligne transfrontalier, demeure méconnu.

L’amélioration de la collecte de données et de l’analyse dans ce domaine serait bénéfique à plusieurs égards. D’abord, les commerçants désirant élargir leurs activités via Internet pourraient bénéficier d’une compréhension accrue des avantages et des coûts liés à ces activités. D’autre part, cela permettrait de mieux cerner des enjeux pressants pour les gouvernements, notamment les pertes fiscales associées au commerce en ligne transfrontalier. Voici donc la recommandation du CQCD à cet effet :

Analyser l’impact économique du commerce électronique sur l’économie du Québec. Cela comprendrait une estimation des dynamiques économiques entourant la place grandissante du commerce électronique dans l’économie, ainsi qu’une évaluation de ses conséquences économiques et fiscales. Ce vaste chantier pourrait être réalisé par un mandat d’initiative provenant de la Commission parlementaire sur les finances publiques.

4 – Mettre en place diverses initiatives visant à favoriser l’essor du commerce de détail

Le CQCD est disposé à travailler avec les différents ministères du gouvernement, afin d’élaborer diverses mesures en vue de favoriser l’essor du secteur, donc les deux suivantes :

Appuyer, via de l’aide technique et/ou financière, les détaillants cherchant à exporter leurs concepts commerciaux hors Québec;

Favoriser les projets visant une gestion plus responsable et durable des commerces du Québec. Ces projets peuvent couvrir des domaines d’activité tels que la gestion des matières résiduelles, le transport, l’efficacité énergétique, etc.

Nous vous remercions à l’avance de l’attention que vous porterez à cet avis et demeurons à votre entière disposition pour plus d’information.

Léopold Turgeon

1- Détail Québec (http://diagnostic.detailquebec.com/portrait_statistique/Remuneration).
2- Données provenant de Détail Québec, octobre 2013
3- Étude du CEFRIO NeTendances 2012, « Le commerce électronique et les services bancaires en ligne au Québec », volume 3, numéro 6
4- Article rédigé par l’économiste Martin Comeau et intitulé « Les pertes fiscales associées au commerce électronique transfrontalier », Magazine le Détaillant, été 2013.
5- Dixit Pierre Fortin, professeur émérite de l’UQAM dans cette lettre ouverte, ainsi que dans plusieurs autres de ses publications : http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201312/09/01-4719322-le-choc-demographiqueest-arrive.php
6- Synthèse 2012-2013 du CEFRIO : http://www.cefrio.qc.ca/media/uploader/synthse.pdf
7- Données CANSIM : http://www5.statcan.gc.ca/cansim/a03?lang=fra&pattern=358-0152..358-0158&p2=31